Depuis tout petit, qu'il adore les militaires. Il en rêve alors qu'il était haut comme trois pommes. Ses parents n'avaient vraiment aucune idée d'où venait cette ambition pour du moins étrange dans la famille, et avouaient même qu'ils n'étaient pas d'accord qu'ils partent dans cette direction là. Mais, ils ont vite changé d'avis lorsqu'ils avaient remarqué que son métier des rêves était la principale source de motivation pour que Vils ait de bons résultats à l'école. Dès qu'il finit les études minimales, il s'engage sans poser de questions.
Son entraînement se passe dans des petits camps disséminés dans tout Evehnet, sur le territoire impérial. Des conditions climatiques extrêmes pour, selon leurs supérieurs, les préparer à n'importe quoi. Bon. Vils, mis à part la grippe, autres maladies fantaisistes, et les plans de l'infirmerie, le jeune n'aura pas appris grand chose. Mais son système immunitaire se renforce très vite, et il voit enfin ses capacités physiques dignement mis à l'épreuve. Il pouvait enfin aussi mettre ses talents d'Herinns en avant. Et enfin, il avait un peu de considération.
A 22 ans, Vils finit son entraînement, et peut enfin travailler dans le milieu. Sauf que c'était très loin de ce qu'il imaginait. Lui se voyait préparer des opérations commando (alors qu'il n'y avait pas de guerre), des missions d'espionnage (alors qu'il n'y avait personne à espionner), ou plein de trucs du même genre. Bon. Il a "l'honneur" de faire partie des dizaines de militaires qui restent plantés au pied d'un bâtiment administratif pour éviter "toute action terroriste". Sauf que des terroristes, il n'y en avait pas trop non plus. D'un ennui !
Et à 32 ans, il se voit enfin offrir une promotion ! Il quittait la capitale pour Bersinar, enfin ! Il allait voir du pays, et changer d'activité. Devenir colonel, ou même capitaine ! Et ben non. Il a encore une fois, "l'honneur" de devenir le bodyguard des laborantins choisis sur le fil qui travaillent à Bersinar. Vils n'hésite pas à exprimer sa lassitude auprès des personnes qui ont un QI tellement énorme à leur exploser la cervelle. Il rêve franchement d'action. Et mis à part les quelques petites expériences explosives de scientifiques, rien de très motivant pour lui par ici.

Comme toute Aldrig, Eolly n'a jamais connu ni de père, ni de mère. Elevée par une autre de ses congénaires, elle a vu le jour dans les quartiers moyens de Bersinar, et ne les a jamais quittés depuis. A quoi bon vouloir s'élever vers les quartiers huppés et vouloir toucher du doigt cette aristocratie brillante ? Non, cette vie n'était pas faite pour elle -ou en tout cas, c'est l'idée qui lui a été mise en tête depuis sa naissance. Rêveuse, Eolly avait toujours été attirée par ce monde, se contentant de l'observer de loin en ce demandant ce qu'aurait pu être sa vie, si elle était née dans une demeure plus riche et plus luxueuse. Pour autant, elle n'en reniait pas ni ses origines, ni la vie qui lui était offerte, bien au contraire. "Toujours se satisfaire de ce que l'on a" était le maître mot de sa nourrice et, par extension, il devint le sien au fil des ans, alors que l'attrait de la richesse se faisait de moins en moins fort, aussi et surtout parce qu'elle eut la malchance de faire de mauvaises rencontres avec la bourgeoisie bersinoise. Elle qui avait toujours envié ces Aldrigs à la beauté parfaite et à la réputation distinguée du se faire une raison le jour où quelques bourgeois mal lotis ont commencé à s'intéresser à son cas. A l'aube de ses trente ans, elle en paraissait encore vingt et, séduit par sa beauté, un bourgeois parmi tant d'autres s'est mis en tête de l'épouser, même si sa manière de procéder laissa la belle de glace. Étalages de richesses en tout genre et cadeaux loin d'être souhaités ont commencé à se faire sentir autour d'elle et, se sentant de plus en plus oppressée, Eolly y a bien vite mis fin, préférant poursuivre sa vie modeste plutôt que s'étouffer dans ce luxe. A quoi bon accepter une demande si grossière et ne plus côtoyer que des gens ne vivant que pour leur fortune ? Non, malgré tout ce qu'elle avait pu en penser étant enfant, ce monde n'était pas pour elle.
A la place, elle se contente se travailler honorablement comme fleuriste dans la boutique de sa nourrice, appréciant de plus en plus la vie simple mais honnête qui s'offrait à elle. Son travail lui permet de rencontrer beaucoup de personnes, et elle se plaît à s'occuper des plantes qui ornent la boutique. Bien sûr, elle rêve d'aventure et de grand air, mais ce n'est ni avec son revenu, ni avec le récent décret qu'elle pourra mettre les pieds hors de Bersinar. Alors à la place, elle se met à rêver. A rêver de ce qui se cache en dehors des murs de la ville, à rêver de ce monde qui, peut-être, n'attend plus qu'elle.

Fils d'un chef de brigade et d'une bijoutière, Rilo a vu le jour dans un quartier aisé de Darangis, auprès de parents qui attendaient impatiemment sa naissance. Premier enfant, il a savouré pleinement son unicité, accueillant pourtant avec plaisir la naissance d'Ilon, deux ans après lui. De part leur âge plutôt proche, il était inévitable que les deux frères évoluent l'un à côté de l'autre, mais surtout l'un grâce à l'autre. Malgré leurs personnalités d'apparence incompatibles, ils n'ont jamais pu se séparer réellement, que ce soit pour un moins, une semaine, ou même un jour. A la manière des deux faces d'un même puzzle, Ilon et Rilo se sont complétés pendant bien longtemps, vivant l'un pour l'autre jusqu'à ce que l'adolescence fasse son entrée.

Puisqu'il est le plus âgé, Rilo a toujours été le plus grand espoir de son père, qu'il voyait pourtant assez rarement, en partie à cause de son emploi qui lui demandait beaucoup de temps. Dévoué envers son travail et sa patrie, il a pourtant su témoigner sa passion et son attachement à son fils, même si celui-ci n'avait pas vraiment envisagé les mêmes choix de carrière. Souhaitant rendre son père fier de lui, il s'inscrit donc à l'école militaire, même si la perspective d'être un jour envoyé sur le terrain ne lui plait pas du tout. Si son avantage génétique lui confère un certain avantage, son malus le handicape sévèrement et, intérieurement, il est plutôt ravi de rater ses derniers tests, et de perdre ainsi la "chance" de devenir un soldat de terrain.

Pour autant, il ne quitte pas le secteur militaire, qu'il a appris à apprécier de l'intérieur, ses à-priori mis de côté. Ainsi, il intègre tout d'abord le métier plutôt ennuyeux de secrétaire, grimpant petit à petit les nombreux échelons de la bureaucratie pour atteindre le rang de chef de département stratégique. S'il ne fait pas partie du corps des soldats, il est celui qui les dirige, ou en tout cas qui tente de trouves les meilleures alternatives aux problèmes qu'on lui pose. Intellectuel depuis de bien nombreuses années, ses connaissances lui sont donc d'un précieux secours et, derrière un bureau, son malus ne lui pose pas réellement de problème, d'autant plus qu'il n'est pas le seul dans son entourage à en disposer. Il y a trois ans, il a été muté à Bersinar, une décision qu'il n'a pas remis en question, même s'il appréhendait l'idée de se retrouver dans une ville qui ne lui plairait pas, chose qui n'est cependant pas arrivée. Aujourd'hui, si sa vie peut parfois paraître d'un ennui mortel aux yeux de son frère et de quelques amis, elle lui convient comme elle est, et il mentirait s'il disait le contraire. Même s'il aimerait rendre plus souvent visite à ses parents, il est du genre à toujours remettre ses voyages au lendemain, trop occupé par son travail qu'il honore et, avec ce nouveau décret, ce n'est pas demain la veille qu'il mettra un pied en dehors de la ville.