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Thaïs Liriez

Thaïs Liriez

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MessageSujet: we tried ♕ pv. ARIEL   we tried ♕ pv. ARIEL EmptyJeu 28 Fév - 19:22


WE TRIED


La ville était plus agitée que d'habitude. Un immense flou d'incompréhension dans lequel Ciah était profondément égarée aussi. Les murmures étaient plus forts que d'habitude, et la majorité des phrases que l'on entendait dans les rues se terminaient systématiquement par un point d'interrogation. La jeune marchande trouvait ça louche. Elle ne s'imaginait pas non plus un coup d'Etat ou un bouleversement politique, mais le décret lui semblait bizarre. Alors qu'elle se frayait un chemin à travers la foule, elle trouva une issue par une petite ruelle qu'elle connaissait bien. Celle-ci débouchait droit sur le marché, pas si loin du stand familial. C'était au tour de son père de le tenir. Elle l'informait du décret, dont il avait déjà eu vent de bouche à oreille. Lui aussi était très stupéfait - et certainement un peu rassuré de savoir que Ciah ne sortirait pas de la ville -. Une fois l'information transmise au paternel, la deuxième personne à le dire, c'était Ariel. Il devait encore traîner dans les petites rues, à chercher un truc à voler, ou à faire son malin (mais qui fait le malin, tombe dans le ravin, mais il n'a toujours pas retenu la leçon). Elle se relançait dans le bain de foule, se faisant un chemin à coup de coudes et de quelques mots impolis (juste quelques uns...hum.)

Plus elle se dirigeait vers les ruines miroitantes, moins il y avait de monde. L'air y était plus frais, c'était agréable. Il y avait toujours cette brise qui sillonnait ces rues. En hiver, c'était épouvantable, mais lors des saisons chaudes, on ne refuse jamais un peu d'air frais sur un visage transpirant. Vêtue d'un chemisier ocre, surmonté d'un veston en cuir brun, d'un pantalon et bottes de couleurs approximativement similaires, elle courrait dans les rues sombres et humides pour trouver son ami. Il y avait des gosses qui jouaient ensemble à chat, et des jeunes adultes assis par terre qui discutait de tout et de rien. Les yeux noisette de la jeune femme décryptait chaque visage, jusqu'à en trouver un qui lui semblait familier. Mais il n'y avait rien. Quelques uns la regardaient d'un air hébété, se demandant ce qu'une nana aussi bien habillée (pour eux, elle était bien habillée. Pour un aristocrate, c'était autre chose) faisait dans ces rues méconnues. Ciah les regardait alors d'un air dédaigneux, du style "qu'est-ce que vous me voulez ?", avant de reprendre sa recherche. Qu'est-ce qu'il était encore en train de faire, ce nigaud ? Ciah ne pouvait s'empêcher de lui donner des surnoms parfois assez pathétiques, quoiqu'elle s'était largement calmée ces dernières années. Mais elle n'arrivait jamais à lui trouver un chouette surnom, comme elle on l'appelait plus couramment Ci ou Iez. Une période de manque d'inspiration qui commençait à se faire longue, mais elle trouvera, un jour.

Elle passait devant la baraque de Nysen, et enfin, elle le vit. Plus loin, au bout de la rue. La marchande reprit sa course pour venir vers lui. Pas de salutations, ils avaient l'habitude. "Tu ne devineras jamais ce qui vient d'être annoncé."

Dire qu'elle avait failli quitter la ville. Un miracle, un évènement qui aurait été à jamais gravé dans son histoire de vie. Mais non. Le jour de même de son départ, manque de pot, le décret a été pondu. Non pas qu'elle était totalement enthousiaste de partir non plus, mais quand même. L'inconnu l'effrayait et la passionnait à la fois, c'était une impression assez étrange. Et puis, de toute façon, avec tous ces gardes postés aux portes, elle n'irait pas bien loin désormais.
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Ariel Oleander

Ariel Oleander

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MessageSujet: Re: we tried ♕ pv. ARIEL   we tried ♕ pv. ARIEL EmptySam 2 Mar - 1:36




Une journée, semblable à tant d'autres, aux yeux de ceux qui ne vivaient qu'au rythme du soleil. Le soleil s'était levé, comme tous les autres jours, entamant sa lente course dans le ciel pour dispenser sa lumière paresseuse sur Bersinar, éclairant faiblement les quelques figurants de cette scène de vie bien désagréable à jouer pour certains. Une annonce, une nouvelle, un décret, les mots étaient multiples, mais aux yeux de presque tout le mondes, ils représentaient ce qu'ils avaient toujours redouté : une atteinte à leur liberté tant adorée. A peine les affiches postées sur les rues du centre ville et dans tous les endroits fréquentés, les murmures étaient montés, emplissant petit à petit les rues de la ville, grossissant à vue d'oeil pour devenir un brouhaha incompréhensible pour qui ne prenait pas la peine d'écouter. Des questions, des questions à n'en plus finir. Des interrogations à base de pourquoi, de qui, de comment et, au milieu de ce miasme indicible, personne ne semblait avoir de réponse. Les autorités ne faisaient que veiller à calmer les potentiels débordements et préféraient rester silencieuses plutôt que de rassurer la population - ce qui montrait, quelque part, que la situation n'avait rien de rassurante. Ainsi, le centre ville se voyait encore plus bondé que d'ordinaire, les rues plus remplies, plus animées, plus vives, alors que les bas-fonds, ignorant la nouvelle, demeuraient fidèles à eux-même. Occupés par quelques âmes vagabondes et des enfants à l'éducation douteuse, il n'était ni plus vivant, ni plus mort que les autres jour, comme si le décret n'avait pas eu d'incidence sur cette partie de la ville. Aussi, bien loin de se soucier de tous les problèmes qui venaient de tomber sur les épaules de la plupart des Bersinois, Ariel avait retrouvé Soïs comme il en avait l'habitude et, bien vite rejoints par un autre de leurs amis, ils vivaient leur petit bout de vie sans rien demander de plus en retour. S'ils discutaient, c'était de leurs plans de la journée plutôt que de cette annonce soudaine à laquelle ils avaient échappés et, postés dans une des ruelles sombres du quartier, ils se laissaient porter par le fil de la discussion tout en riant aux perspectives foireuses qui les attendaient. Monter jusqu'au marché pour tenter de voler une caisse entière de légumes à ce pauvre Neah ? Chercher à jouer un tour à cet empaffé de Torn, qui s'était encore bien fichu de lui la semaine dernière ? Ou plutôt aller fureter du côté du centre-ville, pour aller chatouiller la milice d'un peu plus près ? Les idées ne manquaient pas et, avec elles, les rires et prévisions hasardeuses non plus. Brioche dans les mains, ils en étaient arrivés à se mettre au défi d'aller voler la bourse d'un milicien dans le quartier ambré lorsque Ciah fit son apparition dans la ruelle, loin du petit groupe. Adossé contre le mur, ce fut Soïs qui l'aperçut en premier, mais il n'eut même pas le temps de prévenir Ariel que la demoiselle se précipitait déjà sur lui. "Tu ne devineras jamais ce qui vient d'être annoncé." La voix de Ciah qu'il connaissait si bien vint lui chatouiller les oreilles et, s'excusant d'un regard auprès de Soïs et Arged, il se tourna vers elle, s'éloignant de quelques pas rapides de ses amis pour venir à sa rencontre, tout sourire de la voir débarquer ici. D'ordinaire, c'était plutôt lui qui s'aventurait sur son territoire, et rarement l'inverse. Il fallait avouer que les bas-fonds étaient parfois loin d'être sûrs pour une jeune femme loin d'être préparée, même pour celles qui avaient un caractère aussi trempé que celui de Ciah. Quoiqu'à la réflexion, elle savait plutôt bien se débrouiller ici, et Ariel éprouvait presque une sorte de fierté à cette pensée. Après tout, sans lui, elle ne viendrait pas aussi souvent ici, et ne serait de ce fait pas aussi douée pour sauver sa peau envers quiconque chercher à l'ennuyer - même s'il était loin de penser que sans lui, elle ne mettrait justement pas sa vie en danger. S'arrêtant juste devant elle, il pouffa audiblement de rire, lui lançant un regard appuyé avant d'engloutir la moitié de sa brioche et d'en proposer l'autre moitié à son amie. « Quoi ? Ils ont enfin affirmé l'existence du rat des égouts à trois queues ? » Grand sourire aux lèvres, il attendait sa réponse avec impatience, assez fier de sa propre répartie. Ce fameux rat, cette histoire à dormir debout, n'était qu'une légende urbaine des bas-fonds, égale au croque-mitaine ou à toute autre créature néfaste qui pourrait peupler les environs. Ton déjeuner a disparu ? Ne cherche pas, c'est la faute du rat à trois queues. Un trou dans ton pantalon tout neuf ? Encore un coup du rat à trois queues ! Bête invisible aux yeux des plus curieux, elle ne vivait que pour prendre un malin plaisir à ennuyer les gens, ce pour quoi Ariel ne pouvait pas la blâmer, puisqu'il s'amusait éhontément à répondre son mythe un peu partout. Ce ne fut qu'après quelques secondes qu'il se rendit compte d'une autre vérité, un évènement duquel Ciah lui avait parlé et qui, à en croire sa présence, ne s'était pas déroulé comme prévu. « D'ailleurs... qu'est-ce tu fais là ? Tu devais pas partir aujourd'hui ? » Ariel, ou toute la délicatesse du monde. S'il faisait parfois des efforts pour améliorer sa diction et avoir l'air un peu plus présentable lorsqu'il s'aventurait en ville, il oubliait tout son labeur sitôt rentré dans les bas-fonds, et était loin de s'embêter avec tout ça lorsqu'il était avec ses amis. A quoi bon ? Ils parlaient tout aussi mal que lui de toute façon et, à la rigueur, il se ferait sûrement traiter d'original s'il se mettait à parler comme un de ces aristocrates qu'il détestait tant. Ou peut-être qu'il se ferait traiter de marginal. Ou de vendu. L'un dans l'autre, aucune de ces options ne lui plaisait particulièrement, et il préférait de loin continuer à rendre hommage à sa langue natale, le bersinien haché et malfamé. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Ton père a finalement décrété que t'étais trop jeune pour sortir ? » Il la cherchait, éhontément, et ce n'était pas nouveau entre eux. A croire que c'était justement cette guerre amicale continuelle qui faisait qu'ils restaient amis malgré les années et surtout leur rencontre assez hasardeuse. Comme quoi, si le futur peut se révéler plein de surprises, les plus mauvais débuts peuvent parfois aboutir aux plus agréables ententes. Haussant un sourcil, il posa ses mains sur ses hanches, guettant les réactions de la brune. Oui, si elle était ici, il s'était forcément passé quelque chose de gros dans la ville. Mais, aussi imaginatif soit-il, Ariel était loin de se douter de ce qui allait lui tomber dessus. A croire que même dans l'endroit le plus évité de toute la ville, les nouvelles désagréables réussissaient à les débusquer.
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Thaïs Liriez

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MessageSujet: Re: we tried ♕ pv. ARIEL   we tried ♕ pv. ARIEL EmptySam 2 Mar - 11:48

Il fallait s'y attendre. Ariel n'était pas du style à l'accueillir à bras ouvert, sourire aux lèvres avec un semblant de plaisir de la voir. Ni une standing ovation - même si Ciah pensait qu'elle le mériterait amplement, en toute modestie. Et vu le regard qu'il lançait à ses deux amis, Ciah avait l'impression d'être le boulet de service, celle qui dérange et qui embête tout le temps le jeune homme. Comme si ça le dérangeait franchement. Elle était prête à parier qu'il s'ennuyait comme un rat mort quand elle n'était pas là. Mis à part chiper des objets inutiles et traîner dans ces rues, qu'est-ce qu'il pouvait bien faire ? Au fond, Ciah avait besoin de taquiner en permanence Ariel, et c'était purement réciproque. C'était comme ça que leur amitié s'était construite, et c'était malgré tout une base bien solide. Qui l'aurait cru ? Elle tenait à lui, et malgré ses journées bien chargées, elles seraient d'un monotone s'il n'était pas là. Mais ça, elle ne lui dira jamais. Sinon ses chevilles vont doubler, voir tripler de volume jusqu'à exploser. Le pauvre ne pourra plus rien voler sans pieds. Ariel pouffait de rire, pour faire son petit malin. Mais tout le monde le sait bien : qui fait le malin, tombe dans le ravin. Ciah le regardait d'un air hautain, avec ce petit sourire aux coins des lèvres. Haussant un sourcil, elle répliqua à la seconde :

"Oh non, ils viennent juste d'afficher que tu n'arrives toujours à placer un chiffre après la virgule en mathématiques, mon cher." Aussitôt dit, elle prit vivement le bout de brioche de la main du voleur. "Je vais en garder un bout pour ce qui n'était PAS un rat." ajouta-t-elle en riant. Elle soutenait fermement son idée. Si Nysen a dit que ça aurait pu ne pas être un rat, c'est que Nysen a raison. Elle prenait tout le sujet là sur le ton de la plaisanterie depuis bien des années, et on la trouvait quand on la cherchait sur celui-ci. Elle courrait même. "Puis il n'avait pas trois queues d'abord, tu confonds." Ariel n'avait cure des légendes et de tout ce qui en découlait. Des histoire improbables à dormir debout, sans intérêt, et pas plausibles. Ciah se plaisait encore à les écouter, peut-être pas à les croire, mais à tout simplement entendre les raison mythiques et mystiques de certaines choses. Ca la détachait un peu de son quotidien, ça lui rappelait son enfance, avec Amys.

Et enfin ! Ariel réalisait qu'elle était encore là, alors qu'elle ne devrait même plus déambuler dans les rues de Bersinar à cette heure-là. Mince alors, elle était prête à parier qu'il allait oublier. Mais non. "Et ben figure-toi, que mes affaires sont prêtes et emballées sur le lit, avec trois carte et deux boussoles en cadeau bonus de la part de mon père, sauf que...." Ciah pencha la tête d'un air gênée en passant les lèvres, puis la redressa vivement en sortant "On n'a plus trop le droit de sortir de la ville, vois-tu." Vu la tête hébétée d'Ariel, la jeune femme se sentait obligée de lui donner quelques explications. "Notre bon cher Edgar à trouver ça judicieux que de limiter les allers et venus en dehors de la ville. Et du coup, même pour les marchands, il faut une autorisation spéciale, et plein plein d'administration. Tout ce que t'aimes en fait. Du coup, je ne peux pas partie, à moins d'aller faire cette punaise de démarche à la mairie." Oui, Ciah aimait bien appeler ce monsieur Edgar. Parce que de un, elle n'arrivait pas à prononcer son nom de famille, et son prénom la faisait bien rire.

D'un ton et d'une expression faciale exagérée, elle dit "Puis n'essaie MEME PAS de faire ton petit malin, en tentant de défier les militaires qui sont aux portes de la ville. C'est que des gradés, des barraqués, et ils sont une dizaine par porte. Z'ont même mis un devant la porte des égoûts, malgré la taille du cadenas." D'un sourire ravie, elle lui tapota gentiment l'épaule "Je suis allée vérifier rien que pour toi, parce que je ne veux vraiment te récupérer en prison." Elle parlait d'un air faussement désolée, et purement ironique. Avalant son dernier bout de brioche, elle regardait vite aux alentours. "Nan, plus sérieusement, ils ont doublé les effectifs partout dans les rues. C'est pas aujourd'hui que tu vas faire ton pactole. Ils ont un peu abusé à mon avis, mais bon." Elle jouait avec un caillou avec son pied, et soupirait. "J'trouve ça bizarre en fait. Ils ont même pas donné d'explications tu sais. Juste balancé le décret comme ça, c'est un peu léger."
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Ariel Oleander

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MessageSujet: Re: we tried ♕ pv. ARIEL   we tried ♕ pv. ARIEL EmptyMer 6 Mar - 19:19

De toutes les personnes qu'il pouvait côtoyer, Ciah était probablement l'une des seules à se permettre d'être aussi franche et à toujours le chercher, probablement parce qu'il ne pouvait s'empêcher de faire la même chose envers elle. Si Soïs était sa moitié des bas-fonds, Ciah était sa lumière lorsqu'il sortait des ruines miroitantes, elle était ce fil de laine qui continuait de l'amuser jour après jour, et ça depuis de bien longues années maintenant. Depuis combien de temps au juste se connaissaient-ils déjà ? Huit, neuf années, Ariel avait arrêté de compter à vrai dire, trop occupé à s'occuper de ses multiples affaires pour s'encombrer de fêter un anniversaire de ce genre. Sa rencontre avec la fille de marchande avait été des plus fortuites et, si leur amitié avait pu l'être au départ, elle se révélait pourtant solide, et le voleur se plaisait à croire qu'elle demeurerait impérissable. Après tout, pourquoi les choses changeraient-elles ? Ils s'entendaient parfaitement bien ainsi, se plaisaient à vivre de jeux et d'aventures, et jamais Ariel n'imaginerait un jour voir la jeune femme quitter son monde. Elle était un pilier de sa vie, au même titre que Soïs, que Nysen, qu'Arged, que Vaas, que Nan, et que quelques autres rares personnes. Il n'avait besoin de rien de plus, pour se sentir heureux, rien de plus que ses amis et sa ville natale. Peut-être qu'au fond, ce n'était pas son statut de voleur ou de sale garnement qui le définissait le mieux, mais plutôt les personnes qu'il côtoyait chaque jour. De toutes les âmes en peine qui voguaient à Bersinar, elles demeuraient celles qui le connaissaient le mieux, celles qui savaient fouiller derrière ce masque d'éternel gamin, et trouver la personne qui s'y dissimulait. Une véritable amis, Ciah ? Indubitablement, même s'il ne lui avait jamais avoué pendant toutes ces années, et qu'il ne le ferait probablement pas dans les suivantes. Parce qu'il avait toujours fonctionné comme ça. Parce qu'il pensait que ses sourires savaient parler à sa place. Parce qu'il ne pouvait pas se confier sérieusement aussi facilement qu'il le souhaitait. Et parce que répondre aux piques de Ciah était bien trop tentant pour qu'il s'encombre d'autre chose. "Oh non, ils viennent juste d'afficher que tu n'arrives toujours à placer un chiffre après la virgule en mathématiques, mon cher." Levant les yeux au ciel, il étouffa un rire jaune, laissant la brioche lui échapper des mains. Là-dessus, elle marquait un point sévères, les mathématiques n'avaient jamais été son point fort, bien loin de là. Oh il connaissait les opérations de base, suffisamment pour savoir vivre en tout cas mais il était loin d'être le plus savant des hommes, quoique vu le niveau du reste de la population des bas-fonds, il s'en sortait relativement bien. Après tout, l'école demeurait hors de leur portée et, sans elle, nombreux été les enfants pauvres restant illettrés pour le reste de leur vie, n'améliorant ni leur condition, ni l'image que les autre quartiers pouvaient se faire d'eux. "Je vais en garder un bout pour ce qui n'était PAS un rat. Puis il n'avait pas trois queues d'abord, tu confonds." Intrigué, il ne put s'empêcher de froncer les sourcils, fixant Ciah sans savoir où elle voulait en venir. Quoi, elle ne connaissait donc pas l'histoire du rat à trois queues ? Si c'était le cas, il ne tarderait pas à réparer cette grossière erreur ! En tant que visiteuse officielle des ruines miroitantes depuis trop d'années, elle se devait d'être au courant de cette créature dangereuse et vicieuse qui vivait là où le regard ne portait pas. Qu'importe ce dont elle parlait, ça ne pouvait pas être pire que le rat à trois queues, parole d'Ariel.

Elle embraya bien vite sur le sujet qui l'intéressait vraiment, à savoir le pourquoi de sa présence ici - non pas qu'elle le dérangeait, dans le fond, disons simplement qu'il ne s'était pas attendu à la voir là aujourd'hui. Ni le lendemain. Ni même le jour d'après. Mains sur les hanches, il l'observait alors qu'elle parlait, visiblement emballée et ennuyée à la fois par ce qu'elle racontait. "Et ben figure-toi, que mes affaires sont prêtes et emballées sur le lit, avec trois carte et deux boussoles en cadeau bonus de la part de mon père, sauf que.... On n'a plus trop le droit de sortir de la ville, vois-tu." Plus surpris par son annonce que désolé par le fait qu'elle ne puisse pas mettre son challenge personnel à exécution, il écarquilla légèrement les yeux, la regardant fixement pendant plusieurs secondes sans énoncer le moindre mot. La bouche entrouverte, il en venait à se demander si ce n'était pas une plaisanterie, ou une raison qu'elle avait trouvé pour ne pas sortir de la ville, comme il l'avait fait de nombreuses fois pendant son adolescence. Pourtant, la suite de ses mots ne manqua pas de le conforter dans sa stupéfaction et, interdit, il l'écoutait sans broncher pour une fois, réfléchissant en même temps à ce que tout cela laissait présager. Edgar, les gardes, cette histoire d'autorisation, ces démarches administratives, elle balaya le sujet en quelques secondes, embrouillant tout autant le voleur qui buvait ses paroles, tout en conservant cette légère appréhension qui avait fait surface sans qu'il fasse attention. Si toute cette plaisanterie s'avérait bien réelle -ce dont il ne doutait pas vraiment-, les choses deviendraient bien étranges à Bersinar, et prendraient un tournant qu'il n'avait pas imaginé une seule secondes. "...Je suis allée vérifier rien que pour toi, parce que je ne veux vraiment te récupérer en prison." Sentant ses doigts tapoter doucement son épaule, il y jeta brièvement un regard, avant de relever les yeux vers elle. Etait-il judicieux de préciser que cette histoire le dépassait totalement ? Il avait beau avoir écouté tout ce qu'elle avait dit, il n'arrivait à y croire vraiment - ou plutôt, il avait presque peur d'y croire. Qui savait ce que tout ça laisserait présager par la suite ? Ni lui, ni Ciah, ni même les pauvres Bersinois qui avaient du découvrir ça en se levant - charmante façon de débuter sa journée, au passage. Non, personne n'en savait rien, et c'était cette impression de devenir encore plus insignifiant qu'il ne l'était déjà qui l'ennuyait, au fond. Le gouvernement se moquait d'eux, c'était la seule explication logique. "Nan, plus sérieusement, ils ont doublé les effectifs partout dans les rues. C'est pas aujourd'hui que tu vas faire ton pactole. Ils ont un peu abusé à mon avis, mais bon. J'trouve ça bizarre en fait. Ils ont même pas donné d'explications tu sais. Juste balancé le décret comme ça, c'est un peu léger." Secouant légèrement la tête, il jeta un regard en arrière, interrogeant Soïs et Arged qui les avait sans aucun doute entendus, mais constata sans surprise qu'ils étaient dans le même bateau que lui, à savoir que tout leur tombait dessus, et qu'ils n'avaient absolument pas entendu parler de tout ça avant que Ciah ne vienne leur annoncer de vive voix - enfin l'annoncer à Ariel, mais les choses revenaient au même. La bouche entrouverte, il tenta de prononcer quelques mots sans la moindre parole et, lorsque Soïs haussa les épaules de nouveau, il finit par se retourner vers Ciah, en pleine discussion avec une caillou des plus communs. « Ce décret, c'est vraiment sûr ? Enfin, j'remets pas en cause c'que tu dis, mais c'est... fin... c'est inattendu quoi. » Et encore, le mot était faible. Il devait avoir l'air idiot à la fixer comme s'il n'osait plus cligner des yeux, de peur que le monde s'écroule autour de lui.

Sourcils toujours froncés, il semblait réfléchir, trouvait une raison logique à tout ça, même si celle-ci -si elle existait- restait hors de sa portée. « Ils espèrent quoi en faisant ça ? T'arrêtait pas d'me répéter que le commerce était important à Bersinar, qu'il faisait l'une des fiertés de la ville, que ce n'est pas un hasard s'il y a autant de touristes ici... » Il ne faisait que citer des paroles qu'elle lui avait déjà répétées plusieurs fois, lors de leurs quelques discussions vagabondes. Il avait beau connaître la notion de commerce, la véritable raison de la présence des touristes à Bersinar lui passait un peu au dessus de la tête - ils n'étaient que son gagne-pain après tout, pas de potentiels futurs amis et, même s'il y arrivait souvent de discuter avec n'importe qui, il ne pouvait pas non plus devenir ami avec tout le monde, mais là n'était pas la question. « S'ils surveillent les aller et venues comme ça, les gens vont de moins sortir... et vont de moins en moins oser venir surtout. Ça veut dire quoi, ça, Bersinar deviendra une forteresse ou quoi ? » Parce qu'à ses yeux, voilà ce que cela semblait être. Ils devenaient les prisonniers d'un gouvernement impartial et, s'il y avait fort à parier que le gratin de la ville tirerait son épingle du jeu, les pauvres dont il faisait partie ne gagneraient rien de bon, il en était persuadé. Foutus aristos', voilà qui lui donnait une nouvelle raison de les détester, comme s'il n'en avait pas déjà suffisamment. Grattant sa tempe d'une main, il esquissa quelques pas pour se dégourdir les jambes, faisant plus du sur place qu'une véritable ronde, alors que son regard voyageait entre Ciah et le sol. Si les frontières venaient réellement à se fermer, les gens ne sortiraient ni ne rentreraient et, à son grand malheur, les bourses à voler se feraient de plus en plus rares, et de plus en plus vides. A cette pensée, il redressa la tête, jetant un coup d'oeil entendu à son amie. « Et tu dis qu'ils ont foutu des militaires partout ? Ce sont des nouvelles recrues, ou ils ont simplement fait tourner les équipes ? » Il ne se rendait même pas compte qu'il lui en demandait certainement trop et que, de tous les Bersinois, il était probablement l'un des seuls à avoir vu de près au moins une fois le visage de chacun des miliciens de cette ville, hormis les chefs d'équipe évidemment. Aux yeux de tous, les soldats n'étaient que des soldats après tous, payés pour faire leur boulot, et surveiller les parties de la ville qu'on leur indiquait de surveiller. Il n'y avait que lui pour établir des stratégies foireuses en fonction de chaque type caché derrière cet uniforme trop reconnaissable, et pour les changer lorsqu'il reconnaissait le crétin qui lui faisait face. A la manière de jouets, chacun avait sa façon d'agir, même dans leur petites rondes de quartier, pour peu qu'on savait y prêter attention. Des détails pour les uns, une raison de faire, pour d'autres. Finalement, il fit un pas vers elle, sans plus se retourner vers ses amis. Arrivé au bout de sa réflexion, il découvrit qu'il n'avait finalement pas vraiment avancé, et qu'il en serait de même tant qu'il n'aurait pas plus d'informations, ce qu'il comptait bien changer. « Ce décret, ils l'ont annoncé comment ? Il faut que je le vois, on en a pas, par ici, je l'aurais vu sinon. » Parce qu'après tout, même s'il n'envisageait pas de quitter la ville, il n'en était pas de même pour les autres habitants et, en son fort intérieur, peut-être qu'il avait l'impression que quelque chose de gros se préparait. Pas quelque chose d'agréable, non, plutôt quelque chose de malsain et de redoutablement vicieux mais, quoi que ce soit, il se devait d'en être. Parce que sa soif d'aventures était insatiable, malgré tout.
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Thaïs Liriez

Thaïs Liriez

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MessageSujet: Re: we tried ♕ pv. ARIEL   we tried ♕ pv. ARIEL EmptyMer 6 Mar - 20:39

Ciah avait pris toute cette histoire pour de la rigolade pour le moment. Elle n’en avait pas parlé très sérieusement jusqu’ici, elle ajoutait systématiquement une note humoristique quand elle le racontait. L’humour est considéré comme un mécanisme de défense pour faire face à des évènements qui seraient trop menaçants pour nos esprits. Ca les tamponne, les adoucit, et ils deviennent donc un peu plus vivables et acceptables. Mais au fond, c’était effrayant. A mettre une ville entière dans l’incompréhension, dans un brouillard aveuglant, n’avait aucun sens. Même si Ciah était bornée par le commerce, pour une fois, elle ne se focalisait pas que sur ces intérêts sur ce point-là. Et ça c’était accentué quand Ariel soulevait toutes ses questions et incompréhensions, qui étaient aussi finalement les siennes. Mis à part lui et ses amis, les bas-fonds étaient encore dans l’ignorance. La majorité des personnes qui vivaient là n’avait cure de la politique, ils avaient bien d’autres chats à fouetter. Et elle voulait même les laisser dans cette innocence, en voyant ces gosses vêtus de haillons jouer ensemble et ces deux vieillards discuter. Par pitié, elle préférait avoir peur pour eux aussi que de les savoir paniqués et tremblotants. Les yeux noisette de la marchande devenaient beaucoup moins pétillants qu’au préalable. Elle partageait l’inquiétude d’Ariel, et se sentait sur le coup désolée de devoir lui annoncer c’est ça. Ciah entendait toutes ces questions, mais ne voulaient pas y répondre, parce qu’elle ne savait tout simplement pas quoi dire. Au contraire, plus il en posait, plus elle s’interrogeait. Une brume noire dans sa tête, cherchant à savoir le pourquoi du comment. Alors, elle eut cette pensée en tête. C’est vrai que ça fait très longtemps que nous vivons une période paisible et sans le moindre souci. Ca aurait trop beau que ça perdure encore pour quelques âges. Ciah baissait les yeux, dans sa réflexion, mais entendait très bien les questions d’Ariel. Celle des militaires l’interpella, et répondit quasi instantanément, d’un air quasi neutre. « C’est pas des losers qu’ils nous ont mis là, Ariel. Des vétérans, et prête à parier que ce ne sont que des Herinns. Edgar a prévu gros, crois-moi. »

Elle repensait à cette horde d’hommes vêtus de fer passer devant ses yeux. Il y en avait partout, armes à la main. Ils s’attendaient à des révoltes, ou des émeutes, sûrement. Mais ce n’était pas le problème du jour, tout le monde était confus. Il faudrait qu’ils attendent quelques jours, le temps que la population ait réalisée ce qu’il se passait, pour que les premiers cris se lèvent. Et ce seront d’abord les commerçants, qui verront leurs étalages se vider, et seraient contraints à attendre pendant des heures entière, à cause des files d’attente, avant d’avoir cette fichue autorisation. Et ce n’était même pas garanti qu’ils l’obtiennent. Ariel voulait voir l’annonce de ses propres yeux, cela n’étonnait même pas son amie. Elle concevait parfaitement que la nouvelle était dure à entendre, et il voulait la preuve concrète de ce qu’elle avançait- sans qu’il ne mette sa parole en doute, loin d’eux cette idée. Leur confiance l’un l’autre était inébranlable. Aux yeux de certains, leur amitié se résume à des moqueries constantes et des blagues à deux balles, mais c’était bien plus que ça. C’était par ces moqueries et ces blagues que ça s’était construit, mais la base est solide, comme tout ce qui est construit au-dessus. Ciah savait qu’elle pouvait se fier à lui dans n’importe quelle circonstance. N’importe laquelle. Elle hocha alors la tête de manière positive, lui faisant comprendre qu’elle allait l’amener devant l’affiche, même si elle craignait qu’il y ait foule. « Il y en a une d’affichée juste en haut de la rue. Viens » La marchande lui fit un signe de tête, et commençait une marche hâtive. Elle n’avait aucun doute qu’Ariel suive aisément le rythme. Elle adoptait même un petit pas de course – rien de bien méchant. Dans une des grosses rues des bas-fonds, c’est avec surprise qu’elle aperçut deux soldats. Qu’est-ce qu’ils pouvaient bien faire dans les bas-fonds ? On entendait presque les mouches voler, personne ne râlait par ici, personne ne se plaignait. Réajustant son veston de cuir, elle prit une marche normale, Ariel à ses côtés. « Halte là ! » cria l’un deux. Ciah prit l’air faussement surpris, tout en pressant assez fort le bras de son ami pour lui faire comprendre qu’il ne devait rien dire. « Qu’y a-t-il messieurs ? » répond-elle d’un air poli. Darkolivegreen« L’accès aux escaliers pour le quartier Aigue Marine est momentanément coupé, trop de monde. »[/color] Ciah levait les yeux aux ciels. Elle pensait : Les militaires, ou comment prendre des décisions complètement inutiles. « N’avisez pas d’y aller en douce, sinon vous passerez votre soirée en prison. » La marchande hochait la tête en signe d’approbation, et les deux soldats reprenaient leur route – tout en reprenant leur discussion fort intéressante : l’un d’eux venait d’être papa, et comme tous les jeunes papas, il était un peu gaga. Une fois qu’ils étaient dos aux deux amis, Ciah leur fit une grimace. Comme si ils allaient les écouter. Ils allaient juste prendre un petit détour que la grande rue pour y accéder, et ils passent incognito. Grâce à Ariel, elle s’était bien familiarisée avec les bas-fonds, même si elle se perdait encore de temps en temps. Mais elle connaissait bien ce chemin là, parce qu’elle n’aimait tout simplement pas emprunter l’artère principale des bas-fonds.

Enfin, ils atteignirent le haut des escaliers. Et évidemment, il y avait beaucoup de monde. Ciah croisait les bras. « Bon, je t’attends là, je te laisse aller lire. Moi j’ai déjà bien galéré, à ton tour. » Elle haussait un sourcil « T’es un pro en la matière, de toute façon » ajoutait-elle avec un sourire sur les coin de ses lèvres. Alors elle s’adossa contre un mur, croisait ses pieds aussi pour la même occasion, attendant Ariel. Il avait raison. Ca ne présageait rien de bon. Où Edgar voulait-il en venir, sérieusement ?
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