Contrairement à ce que les apparences peuvent laisser penser, Reym ne fait partie de ces riches aristocrates ou de ces bourgeois à qui tout a été donné, et qui n'attendent plus rien d'autre de la vie à part encore plus de richesse - bien loin de là. Issu d'une famille très modeste, Reym s'est toujours battu pour ses opinions, ses idées, et surtout pour défendre ses rêves, chose qu'il continue de faire aujourd'hui. Fils de marchand, il n'a jamais souhaité suivre les pas de son père, à quand bien même celui-ci l'encourageait à le faire. D'un naturel plutôt rêveur et utopiste, il s'était toujours dit que s'il devait vendre quelque chose, ce serait de la poussière de rêve, et non pas du poisson ou des fruits de mer. Si ses paroles d'enfants le font sourire aujourd'hui, il ne s'est pas non plus réellement éloigné du but qu'il s'était fixé.

Soigneux et plutôt doué de ses mains, Reym a commencé très tôt à modeler des tas de petites choses, passant des petites statuettes en terre cuite à des prototypes de parures et de bijoux en fils de fer. Si ses créations n'avaient pas vraiment d'intérêt aux yeux de son père, sa mère ne cessait de s'en vanter auprès de ses amis et, le bouche à oreilles aidant, il se fit remarquer un jour par l'une d'entre elle, visiblement charmée par ses créations. Celle-ci n'avait pas manqué de remarquer le potentiel du jeune garçon et, quelque temps plus tard, elle décida de le présenter à son mari, un créateur de Valtameri mais, contrairement à ses attentes, ce dernier ne fit aucun commentaire positif sur ce qu'il voyait, "des babioles sans importance" à ses yeux.

Malgré tout, il n'abandonne pas sa passion pour autant et, force d'une détermination sans égale, il finit par prendre sa revanche quelques années plus tard, en obtenant un stage dans l'une des bijouteries de la ville. Petit à petit, il réussit à se creuser une petite place, et à se créer une renommée qu'il ne doit qu'à lui-même. S'il est honnête avec lui-même, il lui est déjà arrivé d'accepter des pots de vin, pour faire passer telle ou telle commande plus vite. Une course à la richesse ? Plutôt une petite consolation, pour rentabiliser toutes les difficultés qu'il a connues pour parvenir jusque là.

S'il est venu à Bersinar, c'est pour venir chercher quelques nouvelles gemmes pour ses bijoux, suite à de très bons échos. Il est sur place depuis une semaine, ayant choisi de prolonger son séjour pour visiter un peu plus la ville. Aussi, l'apparition subite de ce décret est loin de lui plaire. S'il possède les moyens de s'acheter un laisser-passer, ce genre de nouvelles n'annonce jamais rien de bon, et son intuition le trompe rarement à ce sujet.

Fils d'un chef de brigade et d'une bijoutière, Ilon a vu le jour dans un quartier aisé de Darangis, deux ans après la naissance de Rilo, son seul et unique grand frère. De part leur âge plutôt proche, il était inévitable que les deux frères évoluent l'un à côté de l'autre, mais surtout l'un grâce à l'autre. Malgré leurs personnalités d'apparence incompatibles, ils n'ont jamais pu se séparer réellement, que ce soit pour un moins, une semaine, ou même un jour. A la manière des deux faces d'un même puzzle, Ilon et Rilo se sont complétés pendant bien longtemps, vivant l'un pour l'autre jusqu'à ce que l'adolescence fasse son entrée.

Si Rilo a pendant longtemps été le plus grand espoir de leur père, Ilon n'a pas été en reste et, lorsque leur géniteur s'est rendu compte que son premier fils ne deviendrait jamais le soldat qu'il espérait, il s'est rabattu sur le deuxième, bien plus proche de ses espérances. Malgré son caractère trop fonceur et parfois entêté, Ilon a rapidement décrété qu'il deviendrait un aussi bon soldat que son père - pour s'attirer ses bonnes grâces autant que pour esquisser les formes d'un avenir qui lui paraissait bien obscur. Ainsi, l'école militaire est rapidement devenue la seule véritable option à ses yeux et, rempli d'une détermination dont il avait rarement fait preuve auparavant -sauf lorsqu'il s'agissait d'aller piquer des cookies dans le dos de sa mère, un sport pour lequel il était plus que doué-, il s'y engagea sitôt l'âge minimum atteint.

S'il éprouve bien du mal avec les ordres et les rapports de pouvoir au sein de la hiérarchie, il fait preuve de suffisamment de caractère et d'habileté pour qu'on ferme les yeux dessus, préférant mettre l'accent sur ses capacités reconnues. Son acuité visuelle est un atout dont il sait user et abuser, à tel point qu'il en oublie parfois son malus, loin d'être un handicap pour lui. Réussissant avec brio ses examens, il intègre donc l'armée de Darangis avec fierté et honneur et, s'il se sent près à aider son gouvernement et à ne vivre plus que pour lui, il reste tout de même ce jeune trop téméraire aux yeux des autres. Ainsi, suite de multiples accrochages avec un autre de ses camarades, il est muté à Bersinar, pour que cela lui serve de leçon. Calmé pour un moment, il refait donc ses preuves, dans cette ville qui ne connaît rien de lui, et où il retrouve rapidement son frère.

Il y a deux ans, on l'a fait intégrer l'équipe d'un jeune lieutenant, Kel Ny'ech -jeune lieutenant, certes, mais encore plus jeune que lui. Le choc a été un peu rude pour Ilon, qui malgré tout a appris à apprécier cet homme, et à répondre à ses directives comme il se doit. Pourtant, trop impulsif et tête brûlée pour son propre bien, il est retombé depuis quelques temps dans ses mauvais travers, et commence à éprouver de nouvelles difficultés à accepter les ordres qu'on lui donne. Bien loin de déserter son poste, il se met pourtant à douter de plus en plus de son gouvernement, à cause de bruits de couloir qu'il entend, de quelques détails qui l'inquiètent et, plus récemment, de ce décret qu'il voit d'un très mauvais oeil, alors qu'il devrait le respecter.