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 But you're a king and I'm a lionheart. (Sariel)

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Ariel Oleander

Ariel Oleander

admin en or
▽ messages : 111
▽ inscription : 13/01/2013

But you're a king and I'm a lionheart. (Sariel) Empty
MessageSujet: But you're a king and I'm a lionheart. (Sariel)   But you're a king and I'm a lionheart. (Sariel) EmptySam 2 Mar - 0:13




Un. Deux. Trois. Et je quitte cette ruelle interminable. Est-ce que c'est la malchance qui a décidé de s'abattre sur moi depuis une semaine, ou est-ce simplement le sort qui se joue de moi ? Des rues de plus en plus fréquentées, des miliciens à n'en plus finir, et des gens qui semblent être de plus en plus méfiants envers les grandes foules. Loin de me déplaire, le challenge est de taille, mais il faut avouer que rentrer bredouille ne fait pas partie de mes objectifs de vie. Quitte à vivre dangereusement, autant le faire avec le sourire et, toujours à fureter sur la place du marché, il faut croire que j'ai le coeur à l'ouvrage aujourd'hui. Malgré la journée peu avancée, la place est pleine d'une multitude de gens qui ne demandent qu'à être volés, et je ne peux que sourire un peu plus à cette pensée. Suis-je un être vil et immonde pour me réjouir de ces bourses et de cet argent tout juste bons à être dérobés ? Peut-être que oui, peut-être que non, qui sait, après tout ? Ce n'est pas comme si je volais l'argent des démunis, bien au contraire. Voleur depuis toujours, peut-être, mais je possède tout de même quelques principes, à quand bien même ils ne seraient pas visibles aux yeux des indiscrets, ni même aux autres, d'ailleurs. Les bas-fonds sont remplis de voleurs, ils sont remplis de vermines tout juste bonnes à être exterminés. Combien de fois ai-je déjà entendu ces mots blessants, ces paroles aussi tranchantes que la plus fine des lames ? Une vérité pour tous ceux qui vivent en dehors de ce quartier sombre, un mensonge pour les pauvres qui sont bien obligés d'y rester. Si j'en fais un bien mauvais exemple, le cas est loin d'être général et, même si la pègre existe là-bas comme ailleurs, certaines rares âmes encore pures essayent de s'en sortir honorablement, malgré les difficultés qu'elles rencontrent pour sortir ne serait-ce que la tête de l'eau. Comment oser prétendre vivre dans une ville honnête, lorsqu'elle éprouve tant de plaisir à regarder les misérables se replier sur eux-mêmes ? Le monde est injuste, cette ville l'est tout autant, et même si les héros existent dans de belles histoires, ils n'ont toujours pas trouvé le chemin jusque Bersinar. Me revient en mémoire une des histoires que me racontait Nan' pour m'endormir, ce conte intemporel mettant en scène un jeune voleur, héros des bois où il vivait, un homme honnête qui, malgré les apparences, ne faisait qu'apporter un peu de sa justice au monde dans lequel il vivait. Voler aux riches pour donner aux pauvres, une douce façon de renverser la balance, lorsqu'on s'aperçoit à quel point les démunis sont exploités ou, au contraire, bien trop laissé à l'abandon. Combien de fois ai-je interrogé Nan' ? Combien de fois ai-je été voir Nysen à ce sujet, les yeux rempli de toutes ces questions qui ne demandaient que quelques réponses ? Pourquoi la ville n'améliore pas le quartier ?, ou alors pourquoi les gens sont si mal vus ici ? Ils sont tous gentils pourtant, des interrogations un brin naïves sans être vraiment crétines, dans le fond. Pourtant, malgré mon insistance et mes visites à répétitions, jamais je n'ai obtenu de réponse, et peut-être est-ce justement grâce à ça que j'ai pu commencer à former mes propres opinions. Une ville qui ne se soucie même pas de ses habitants, des aristocrates qui ne vivent que pour regarder leur nombril, des politiciens qui ne pensent qu'à leur propre bien-être... Et la place des pauvres gens, dans tout ça ? Quelque part dans les quartiers sales, laissés à leur propre sort entre le désespoir et la désolation. Les ruines miroitantes, un non peu glorieux pour tous ceux qui osent réfléchir à cette appellation. Est-ce la pluie, qui leur donne ce nom si symbolique ? La pluie, oui, ou peut-être simplement les larmes de ses habitants qui perdent peu à peu l'espoir de voir leur condition s'améliorer un jour. Finalement, l'histoire de ce héros des bois n'est peut-être pas si mal. Lui, au moins, a réussi à façonner le monde à sa façon, là où bien d'autres avaient échoué avant lui. Moi, à la place, je ne fais qu'essayer de changer la couleur du mien, bien loin d'être le sauveur de l'humanité. Qu'il s'agisse d'une preuve d'égoïsme aux yeux de certains, je n'y vois là que du bon sens et, avant de me soucier du sort des autres, je ne peux pas ne pas songer au mien, où à celui des rares personnes qui me sont proches. Je suis bien loin d'être à héros, plus bon à être jeté en prison qu'à être posé sur un piédestal. Au fond, ma vie ne vaut pas grand chose pour ce qu'elle est et, si ce sont nos actes qui nous façonnent et qui nous forgent, alors la vie a fait de moi ce voleur que je suis aujourd'hui. Par obligation ou par plaisir, il faut croire que les deux se mêlent sur le terrain, si l'on en juge à cette expression que l’arbore continuellement. Un gamin sans attaches, un voleur sans valeur, un fripon sans vertu, qui suis-je au fond ? Je ne suis qu'une ombre, un pas chassé, une main tendue vers un futur plus serein.

Devant moi, les hauts immeubles de pierre blanche se dessinent déjà, et je pénètre dans ce quartier que j'évite la plupart du temps. Le malheureux a du me suivre plus longtemps que prévu pour que j'arrive à m'éloigner autant des ruines miroitantes, mais qu'importe, un peu d'air frais ne fait jamais de mal, bien au contraire. Un coup d'oeil en arrière, et mes pas se ralentissent mesurément, pour me permettre de reprendre cet air qui commençait à me manquer. Rien de bon qu'un petit larcin de bon matin pour se mettre d'aplomb, comme certains osent le dire ! Bourse de cuir toujours en main, je pose mes mains sur mes cuisses, me penchant en avant pour prendre de grandes inspirations. L'air est doux, l'atmosphère calme, dans ce quartier huppé et, s'il n'était pas rempli de tous ces aristocrates bien lotis, j'apprécierais sûrement m'y perdre un peu plus souvent, rien que pour observer cette architecture à laquelle je ne suis pas habitué. De grandes maisons aux vitres luisantes, des étendues d'herbes et de fleurs en tout genre, des immeubles hauts en couleur et en taille, qui vont jusqu'à frôler le ciel... Toujours accroupi en avant, mon regard va jusqu'à se perdre sur ces bâtiments tous plus proprets les uns que les autres et l'espace d'une seconde, je me demande si j'ai déjà rêvé dormir dans un tel palace. Quelques fois, peut-être, une ou deux, à la limite. J'aimerais me dire que je n'y ai jamais pensé, mais cela reviendrait à mentir, et si voleur je suis, je n'en deviens pas menteur pour autant. Est-ce en cela incompatible ? Les gens de ce "monde" affirmeraient bien évidemment que oui, mais moi je continuerai à clamer haut et fort que non, tant que je le pourrais. Ce n'est pas comme si j'étais le plus atteint des malfrats, bien loin de là. Des pègres, des gens damnés jusqu'à la moelle, j'en connais et j'en côtoie, et ils sont bien loin d'être aussi attentifs et soigneux que moi. Non pas que je me jette des fleurs, mais bon nombre d'entre eux ne prête aucunement attention à la nature de leur victime, se contentant de récupérer ce qui leur est du. Une question de survie, paraît-il, ou quelque chose d'approchant. L'honnêteté n'a plus vraiment de valeur de nos jours, comme me répète sans cesse Nysen. L'honnêteté, la sincérité, les promesses, on pourrait faire des généralités pour un nombre incalculable de domaines, et aucun d'entre eux ne donne envie d'être approuvé, bien loin de là. « Hé toi, qu'est-ce que tu tiens, là ? » Une voix, sourde, qui résonne dans mon dos, et que je n'avais pas entendu approcher. Air hébété, si j'en crois les traits tirés de mon visage, je me redresse lentement, mettant de longues secondes avant de jeter un coup d'oeil à ma droite, vers l'origine de cette voix que je ne connais pas. Un milicien, si j'en crois la tenue qu'il porte et, à vrai dire, il n'y a aucun de doute là-dessus. Un milicien. Et seulement maintenant, je me souviens de la deuxième raison qui me poussait à toujours éviter ce quartier. Tachant de me ressaisir aussi rapidement que possible, je finis de me redresser, arrangeant mon visage avec tout le naturel du monde -et un brin de jeu de scène- pour me tourner vers lui, fronçant légèrement les sourcils, comme si j'étais à la fois interpelé et choqué par ce ton si peu amical -n'est-ce pas de cette façon que tous ces doux crétins d'aristocrates se plaisent à parler ? Rien que d'y penser, l'envie de grimacer me vient et me revient sans cesse, et je dois me faire justice pour m'en tenir à ce que je sais, et avoir l'air d'un poisson qui nage dans cet océan et pas dans les rivières sales des bas-fonds. « Pardon ? Ce... C'est à moi que vous vous adressez ? » Air étonné, sourcils qui se haussent un peu, ne manque plus que le regard qui vogue à droite et à gauche, et la scène est parfaite. Même si dicter aussi soigneusement et penser à des phrases aussi pompeuses qu'indigestes exige un effort surhumain, il faut croire que je m'en sors bien, compte tenu de l'arme de ce milicien qui ne sort pas de son fourreau.

A présent bien droit sur mes deux jambes, j'ose même papillonner légèrement des yeux, autorisant un petit sourire à éclairer timidement mon visage, sans pour autant aller jusqu'à faire un pas vers lui. Il est plutôt bien, là où il est, à quelques mètres de moi. Ni trop loin, ni trop près, il me suffirait d'une bonne impulsion pour repartir de là où je suis venu -et d'un peu de chance pour échapper aux gardes que j'ai croisés sur le chemin. Y sont-ils toujours, ou ont-ils quitté leur course, en voyant ma silhouette leur échapper ? Ce n'est pas comme s'ils n'avaient pas l'habitude après tout, peut-être même qu'ils lancent des fléchettes sur un de mes portraits dans leur caserne. Luttant contre l'envie subite d'éclater de rire à cette pensée, je tâche de ranger discrètement la bourse sombre dans une de mes poches, un geste qui ne semble pourtant pas échapper à ce crétin de milicien, malgré ma discrétion. Trop attentif à mon goût, le voilà qui fait maintenant un pas vers moi, et mes chances de partir en courant s'amenuise à mesure que son corps s'avance vers le mien. Un. Deux. Combien va-t-il en faire, comme ça ? Arrivé à trois, c'est sa bouche qui s'ouvre, pour dispenser ses paroles que j'aimerais plutôt ne pas écouter. « Dans ta main, c'est quoi ? » A ton avis ? Un éléphant rose à paillettes, évidemment ! Au lieu de fuir, c'est l'envie de lui répondre honnêtement qui me démange à présent mais, préférant opter pour ma survie plutôt que pour une mort certaine, je me contente d'un petit « ça ? C'est une bourse, mon cher ami, et je m'en vais de ce pas la ranger, les rues ne sont pas assez sûres de nos jours, merci à vous de me l'avoir rappelé. », tentant de nouveau de soustraire l'objet du délit de sa vue. Doigts croisés, souffle coupé, va-t-il croire au subterfuge ? Il hésite, l'espace d'une seconde, je vois son regard changer d'insistance, mais finalement se poser sur mes vêtements loin d'être aussi soignés qu'ils devraient l'être, dans ce quartier. Pas de fils dorés, pas de broderies à en faire pâlir les plus doués des artistes - rien qu'une chemise entrouverte, un léger veston de cuir brun, et un pantacourt sombre aussi communs que passe-partout. A choisir, j'aurais préféré pouvoir emprunter un manteau bien soigné pour se fondre une facilement dans la masse, mais les vestes sont bien plus compliquées à voler que les nobles bourses, malheureusement, ce que mon interlocuteur n'a pas l'air de comprendre. « Pas de ça avec moi, je vois bien que tu n'es pas d'ici. Montre-moi ce que c'est, et sors-moi tes papiers. » Et ce moment tant redouté arrivé enfin. Tes papiers. Charmant. Réellement. Est-ce qu'il y a une façon plus agréable d'interloquer quelqu'un ? Je ne pense pas, non. Je pourrais faire tous les efforts du monde, le charmer au point qu'il me laisse lui chatouiller le menton, je suis loin d'être un magicien et ces papiers, je ne les ai pas. Sans quitter ce masque d'espoir qui étire mes traits, je prends le pari de lancer ma dernière carte, quitte à tenter le tout pour le tout. « Votre impolitesse n'a d'égale que votre rudesse, vous savez. J'imagine que vos supérieurs ne seraient pas ravis de vous voir vous... adresser de la sorte à un noble citoyen Bersinois. Sincèrement, je ne vous félicite pas. » Expression condescendante, ton presque désolé malgré mon hésitation et, alors qu'il fait un nouveau pas vers moi, j'en entame un léger en arrière. Qu'importe s'il ne me croit pas, s'il choisit de me poursuivre jusqu'à plus soif. Bersinar est mon terrain de jeu et, quitte à me tirer une balle dans le pied, je préfère le faire avec le sourire aux lèvres, même si l'issu de cette partie me paraît bien incertaine. Un. Deux. Trois. Et cette silhouette qui se rapproche trop de moi. Fuir ou rester là pour l'affronter comme il se doit ? Incapable d'en choisir un, je préfère miser sur cette chance que je n'ai pas, et voir là où le destin me portera.
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Arthfael El'Tiri

Arthfael El'Tiri

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▽ inscription : 28/02/2013

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MessageSujet: Re: But you're a king and I'm a lionheart. (Sariel)   But you're a king and I'm a lionheart. (Sariel) EmptySam 2 Mar - 1:56



Serrer les poings, éviter un regard de glace, et au bout du compte, claquer cette immense porte. Les journées sont longues, comme les nuits que je peux à passer. Une heure dans un sommeil profond, et tout un reste encré dans un cauchemar répétitif et castrateur. Le souffle rongé, coupé par un démon inexistant et surement mort à l'heure qu'il est. Peur de la perte, peur d'un souffle quelconque de vie comme de mort, le goût vomitif d'un passé à oublier. Oui, seulement à laisser de côté. Suis-je encore de voir Soy dans les yeux, sans y voir quelqu'un de brisé ? De cassé ? Une poupée certes, un objet jeté au sol, bien trop fragile et surtout trop difficile à réparer. Il n'a pas voulu réussir, il n'a pas daigné, et quand bien même sa présence aurait pu être la meilleure à mes côtés, il n'a pas été là, pas plus que je ne l'aurais voulu. La hache de guerre levée au poing, à raison de rires et de sourires, les hurlements sont présents et les couloirs sont témoins de nos rages respectives. J'ai droit aux pupilles interrogatrices de personnes qui travaillent depuis des lustres dans cette maison, j'abrège tout ceci par un sourire. Même si, depuis des années, on pourrait à croire que je ne cesse de montrer mes dents, de sourire comme le dernier des saltimbanques. Pour en rire lourdement, durant un temps, j'étais même venu à me répéter un slogan. La vie est si belle, pourquoi ne pas passer son temps à sourire gaiement ? La vie est si belle, belle, belle. Une chanson, une quelconque histoire à raconter à un enfant. Temps révolu depuis des années, si l'on se complait à vouloir la bonne partie des choses, souvent la mauvaise vous rattrape bien vite, sans que l'on se rende compte. Puis, un jour la peau portée sur vos épaules devient trop grande à supporter, trop lourde, la seule solution logique qui s'impose est de se cacher. Blanc, bleu, violet, que de jolies couleurs à accorder avec l'état d'esprit. Mais, le noir est discret, le noir se veut trompeur sous bien des cas, et il est impossible de voir à travers. Un oiseau de mauvaise augure, un voleur, un rapace. Les apparences sont trompeuses par bien des points. Si je sors en tenue plus simpliste, souvent, j'attire des regards curieux, dont j'efface bien vite l'horizon. Pourquoi tu te caches ? Pourquoi tu disparais ? Parce qu'il en est ainsi, et souvent, même son propre visage n'est plus possible à regarder. Qu'on le veuille de toutes ses forces, de toute son envie, la plus profonde et sincère. Rien. Un vide putride ressemblant à des égouts, des rats aussi gros que des bouteilles et puis, le noir, les ténèbres auxquels on ne peut réellement échapper. C'est en attrapant mon écharpe que j'y vois bien trop de choses, et malgré la chaleur qui peut petit à petit monter, je dois à la garder. Survie interne comme externe, ni les rires, ni la pitié, je ne veux de rien en ce monde, si ce n'est me protéger. Sortir de cet endroit où j'étouffe comme je peux m'y sentir bien, disparaitre un instant du regard, le plus loin possible, tout en évitant les bas-fonds. Cette pensée m'arrache un frisson, un dernier coup d'oeil sur cette fenêtre qui fut jadis mon échappatoire. Lointain, avant, tout ça, ça n'existe plus. Fronçant seulement les sourcils, dévalant les grands escaliers à toute allure, j'ai beau à attendre les pas rapides de Soy, je ne m'arrête pas pour autant. Le bois craque, le bois grince et sous mes pas, se déroule de l'herbe verte et des pavés aux reflets argentés. Le vent s'écrase sur mon front, me faisant sourire. Est-ce ceci la liberté ? J'en doute. La liberté, la vraie, celle qui peut vous prendre directement aux tripes est aussi de paire avec la paix. Et de ceci, je n'en ai point, en aucun cas. Qui sait le jour où je pourrais fermer fermer mes paupières sans avoir des palpitations, qui sait quand je pourrais traverser une rue sans regarder systématiquement mes arrières, mes avants, ma gauche et ma droite. Un jour oui, surement à ma mort, et jusqu'à la fin des temps, je continuerais à me faire dévorer par mes maux. Partager, parler, pleurer, hurler, je ne peux m'y résigner, je n'y arrive pas, ou plutôt plus. Vidé de tout extrême, je m'illusionne, m'idéalise sur l'extérieur. Tout ça, les bâtiments immenses, les rues blindées, les corps qui marchent et parlent parfois. Je n'y connais plus rien, je n'y vois que de grands oiseaux avides de chair. Ils attendent mon déclin, et ces joues marquées au fer rouge ne sont qu'un début. C'est une malchance lourde de conséquences. On ne peut à choisir sa famille, sa naissance, son éducation. Peut-être aurais-je vu le né dans la peau d'un enfant pauvre, que les choses auraient été différentes. Voleur ou qui sait déjà trépassé par la maladie, j'aurais envié mes compatriotes plus riches. Pourtant j'en suis un. Aristocrate, non pas le gamin de la rue d'enfance, mais le monsieur au dos raide et à la carrure aussi intimidante qu'autre chose. Aussi fin qu'un fil, aussi sombre qu'un creux dans la terre. Fils de son père qui se dénaturalise complètement. Soy préfère le blanc, j'ai tendance à tirer sur le noir, salé comme sucré, tomber comme se relever. Mais suis-je réellement debout ? Je suis dans l'entre-deux, dans la route vers la guérison, sans pour autant avoir touché mon trésor du bout des doigts. Approcher oui, ne pas arriver, même si le vouloir est présent - mais il ne faut en douter, il n'hésite pas à disparaitre comme bon lui semble. Claquement de doigts, magie constructive que je m'impose. Un coup tu me vois, un coup tu me vois plus. Si on jouait à cache-cache ? Comme un gamin des rues, un enfant de la basse ruelle. Soyons fous, soyons imaginatifs. Mais, je n'y connais rien, trop peu pour y tomber aveuglément.

Pensif, les mains dans les poches, je reste obnubilé par ce ciel nuageux, bleuté, hypnotisant. Un sourire s'accroche à mon visage à cette pensée. Cette chose que personne n'a jamais réussi à atteindre, cette envie sans but. Voler, encore et encore, se sentir pousser des ailes, se jeter dans le vide, la morsure du temps qui traverse les cheveux. Des dérivés seulement, quelques aéronefs, cette science que bien des gens ont voulus atteindre. Des livres, j'ai pu m'en nourrir bien des fois, lire tout ce qu'il fallait savoir sur l'évolution dans notre monde, dans cette citée qui autrefois était bien plus simple. De l'aide comme quelque chose de désapprouvé, je ne saurais dire si je suis né du bon ou du mauvais côté de la balance. Qu'importe, je penche d'un côté comme d'un autre, j'évite à montrer mes atouts brillants comme me mettre à adorer la pauvreté. On connait le luxe, on connait les caprices réalisés, les cadeaux abusifs et la surprotection. Une vie commune que j'aime à dire, pas pour tous, mais elle était ainsi pour la famille El'Lufita. C'est le début d'une blague, ou d'une cage dorée qui ne cesse de grossir, jusqu'à ce qu'elle tombe allègrement sur le sol. Un effet répétitif. Contre toute attente, la journée me parait bien calme, peu remplie, et ceci tout sauf pour me déplaire évidemment. Alors que j'en viens à détailler sans raison des bâtisses qui se démarquent par leurs grandeurs, cette blancheur à vous en crever les prunelles, un obstacle vient à briser mes principes. Une tignasse de feu de loin, un milicien et bien vite, j'arrive à faire le lien. Le type sans nom. Oui, voilà, c'est vrai que les présentations n'ont pas été faites, et pour tout dire, elles ne devaient l'être. Je me souviens d'une course folle, de sa personne, un impact lourd. Une cachette, et lui qui contre toute attente venait de sauver ma peau. Se trouver dans les bas-fonds pour un fils de bonne famille, ce n'est pas bon - et je parle par expérience, non sans en rire amèrement. Fronçant mes sourcils, une discussion s'amène, et visiblement, ses airs peu convaincus et cet homme qui se met à tendre sa main dans le vide, ne présage rien de bon. Je pourrais laisser tomber, passer mon chemin et le laisser dans sa galère. Malgré tout, je lui dois la vie, je peux bien à l'empêcher de finir croupir quelque part. Marcher, un peu plus vite, si ce n'est une presque course. Alors que j'affiche une mine heureuse, je pose ma main sur son épaule tout en ajoutant. « Enfin je te trouve ! » Dans ces moments là, il faut user de ruse, et non pas de mains agiles comme il sait visiblement bien le faire. Une bourse, et un visage étonné de ce milicien que j'ai pu voir une à deux fois dans les rues. A force de faire le tour de ce quartier, on en vient à connaitre sur le bout des doigts qui y passe ses journées comme leurs nuits. Papillonnant des yeux, je regarde le milicien, perplexe. « Vous a-t-il causé du tort ? » Intensément je le fixe, et bien évidemment, à m'en douter, il ne parait pas du tout convaincu par ma performance. J'hausse les sourcils, attendant une réponse de sa part. Oh, je sais très bien qu'il n'hésitera pas à parler de sa science de comment flairer les garnements, les voyous même. Des mots bien vilains, surtout pour une tête pareille. Encore aurait-il fallu que ses vêtements ne soient pas des lambeaux, oui, peut-être que personne ne l'aurait remarqué. « Je dois voir ses papiers, il n'est pas d'ici et je déduirais même qu'il emporte quelques larcins. » Parce qu'ils savent déduire ? Expression du visage outré, un soupir m'échappe des lèvres. Ah, qu'ils peuvent être fatigants quand ils le veulent. Plus tard, je pense que je reprocherais à mon sauveur de ne pas savoir faire preuve de grande discrétion. « Alors vous insinuez que ma famille est coupable de vol, c'est cela ? Je vous l'accorde, ses vêtements sont catastrophiques, mais il est bel et bien dans ma famille. Cousin éloigné du côté de ma mère - que les esprits aient pitié de son âme, il est un peu, vous savez... » Mimant des gestes pour montrer qu'il doit avoir quelques petits soucis dans sa petite tête, et quant à l'inconnu des bas-fonds, il garde son grand sourire digne de la plus grande hypocrisie. Un mensonge ne peut être réel, ou bien mené sans être dedans à deux, c'est un fait. On plonge ou on ne plonge pas. Mon coeur claque un peu plus contre mon torse, et toujours cette main grasse tendue dans le vide, ses doigts bougent, hurlant un : je veux, je veux. Mon regard se veut plus dur par la suite, blasé au complet. « Bon, écoutez. Si vous tenez un tant soit peu à votre travail, je vous conseil de tourner les talons et de disparaitre. Non, de passer outre cette histoire, comme si rien ne venait de se passer. Je suppose qu'El'Lufita vous rappelle quelque chose ? Ah ? Voyez ? Filez. » Les yeux écarquillés, il parait tétanisé. Aux bons maux, les bons remèdes et la vie ne cessera de tourner sans ça. El'Lufita, nom je crois bien respecté en ces lieux, de toute manière, bien assez pour qu'il prenne ses jambes à son cou et que je roule des yeux. Enlevant ma main de son épaule, un certain sentiment de fierté s'empare de mon corps, l'air de rien. Pourtant, même si mon égo venait à se gonfler, c'est en sortant du rôle que je retombe moi même. Saz, voilà tout, rien de plus comme de moins. La tignasse rousse se trouve seule non loin de moi, un sourire derrière mon écharpe. Deux mondes différents qui se touchent, s'entrechoquent et qui sait réellement ce qu'il en sera du résultat. A en juger par notre première rencontre, il devait être sidéré d'avoir sauvé la pauvre peau d'un aristocrate - et pour tout dire, je ne pensais jamais le recroiser un jour, je ne comptais pas remettre les pieds dans les bas-fonds, pas encore du moins. « Il en fallu de peu. Je suppose que, nous sommes quittes maintenant. » Se sentir un peu stupide, un peu crétin, même intimidé par cette différence d'univers. S'il est fort pour embobiner ses camarades, je reste le meilleur quant au lieux huppés de la ville. On sait comment parler, comment menacer même et user de ce que l'on peut avoir entre les doigts.
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Ariel Oleander

Ariel Oleander

admin en or
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▽ inscription : 13/01/2013

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MessageSujet: Re: But you're a king and I'm a lionheart. (Sariel)   But you're a king and I'm a lionheart. (Sariel) EmptySam 2 Mar - 22:52




Il paraît que c'est uniquement dans les situations désespérées que nous vient une aide inattendue. Que c'est seulement lorsque le tunnel se fait bien sombre devant nous que nous apercevons au loin le halo faible d'une lumière blanche. Qu'en marchant pas à pas, nous pouvons nous rendre compte que quelqu'un tient ce flambeau et, qu'aussi condamné soit notre présent, cette personne a été pour nous aider, là où il ne devait y avoir que désolation et souffrance. Amener un brin de lumière, d'espoir, une main tendue pour nous sortir de ce miasme qui nous ronge jusqu'à l'os, de cette situation accablante et ô combien impossible à arranger. Seuls les pessimistes ont besoin d'un soutient extérieur pour voir autre chose qu'une terre grise et sans saveur autour d'eux et, même si je fais plutôt parti des éternels optimistes, j'en viens à me demander si, effectivement, je n'ai pas fait un pas de trop vers le ravin. Ne dit-on pas aussi "à situations désespérées, mesures désespérées" ? A croire que j'ai fait le mauvais choix. Qu'au lieu de partir à droite, j'aurais du aller à gauche. Qu'au lieu de rester, j'aurais mieux fait de fuir, et qu'au lieu de jouer le matin, j'aurais plutôt du jouer profil bas. Si l'être humain sait apprendre de ses erreurs, je ne pense pas avoir eu droit à cette caractéristique, pour un bien ou un mal, je n'en sais rien. Toujours à titiller le destin, à fureter trop près de cette barrière invisible marquant la rupture entre le sauf et le danger. Pourquoi se contenter d'une vie simple et bien rangée lorsqu'on peut l'agrémenter de tant d'aventures ? Pourquoi rester dans son coin, assis derrière le comptoir d'une pauvre échoppe alors qu'il y a tant à voir, tant à découvrir ? Mes pieds ont soif d'aventures, dans mes mains brûle l'envie de relever de nouveaux défis, et je suis bien loin de me blâmer pour ça. A quoi bon ? Sans ça, sans cette casquette de voleur qui me va si bien, je ne suis plus rien. Rien d'autre qu'un gamin des rues comme il en existe des dizaines, rien d'autre qu'une silhouette sans importance, un jeune homme sans passé et sans attaches, rien qu'une poussière qui court après les histoires, pour oublier qu'elle n'en possède pas. Il paraît que sans le vouloir, on est toujours attiré par les choses qu'on ne pourra jamais posséder, qu'on ne pourra jamais toucher du doigt. Comme les tournesols qui suivent l'avancée de cet astre solaire sans pouvoir le frôler, je passe ma vie à guetter des occasions de chipper cet argent que je n'ai pas. Est-ce vraiment la monnaie que je vise, au final ? Je me rappelle des quelques mots de Torn, qui m'ont marqué bien plus qu'ils ne le devraient. Des mots remplis de hargne, acérés, affutés, blessant et blessés, des mots qui tranchent et qui décomposent, alors que sa situation n'avait -et n'a toujours- rien d'enviable ou de plus que la mienne. Ariel l'orphelin sans passé. Toujours dans l'ombre des aristo', pour se convaincre qu'il en a une. Pas d'ombre, pas de passé, pas d'attaches. Rien. Rien qu'une page vide, une vie commencée dans l'ignorance, dans l'oubli, dans la brume et dans le doute. Si j'en avais été choqué ? Un peu, oui, et je crois même qu'il s'agit d'un euphémisme. On a beau croire que les gamins peuvent se balancer les pires atrocités du monde sans en être affectés, ils savent pourtant reconnaître la franchise cruelle là où elle se trouve, et ce genre de vérité blesse un peu trop, lorsqu'elle arrive jusqu'au coeur qu'elles doivent briser. Gamin abandonné par la vie, même celle-ci n'a pas voulu de moi et, aussi naïf et aussi crétin que je suis, je sais que certaines paroles m'atteignent un peu trop durement parfois, même si je parviens à me convaincre du contraire. A quoi bon se morfondre ? A quoi bon chercher le pourquoi d'un comment auquel je n'accède pas ? De toute ma vie, je n'ai fait que courir. Courir après les gens, courir après l'argent, courir après les problèmes. Si je ne suis bon qu'à ça, autant continuer sans plus se poser de questions.

Pourtant, des questions, il en est justement question ici, et malgré mes efforts surhumains, ce foutu milicien n'est décidément pas d'avis de me laisser voguer à mes biens nobles occupations. Tout ça à cause de cette fichue bourse un peu trop visible dans ma main ? Ou alors c'est simplement ma tête qui ne lui revient pas. Soyons fous et partons plutôt sur cette piste ! Après tout, pour le peu que j'en vois, en plus de son métier bien discutable, le malheureux ne bénéficie pas d'un visage des plus gracieux - ou peut-être est-ce la faute de cet air agacé, je ne saurais le dire. L'un dans l'autre, je ne suis pas non plus la pour lui tailler une bavette, et l'envie de prendre mes jambes à mon cou se fait de plus en plus présente, à mesure que les secondes défilent et que mes zygomatiques défient la gravité. Habile façon de tromper l'ennemi, il paraît qu'un sourire offre 50% de chances en plus d'arriver à ses fins - ou peut-être même soixante-dix. Les mathématiques n'ont jamais été mon fort, et les probabilités encore moins. Pour survivre, l'important n'est pas de connaître tes chances de t'en sortir, mais plutôt de savoir à quel moment forcer le destin pour y arriver et, à ce petit jeu, j’excelle d'ordinaire, avec plus ou moins de brio. Malgré tout, me voilà bien dans le pétrin et, intérieurement, j'espère que cette bourse aubergine est aussi remplie qu'elle en a l'air, pour m'avoir mis autant de bâtons dans les roues depuis ce matin. Un homme bien trop rapide pour être suivi calmement, une foule à la fois trop dense et trop observatrice, des gardes postés à tous les coins de rues, des chemins loin d'êtres vides... Sincèrement, ne manquait plus que le milicien trop zélé et j'obtiens le combo parfait de la journée irrécupérable. Elle a beau être à peine entamée, les choses vont de mal en pis et, à ce rythme là, je me demande quelle est la prochaine carte que ce destin comique va poser sur le tapis. Une arrestation ? Une course poursuite ? L'intervention d'un nouveau garde ? Le jeu est de bonne guerre, et tous les coups sont permis, semble-t-il. Et ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre, moi qui suis habituellement bien trop occupé à déjouer toutes ses règles implicites. Le moment ne m'a jamais paru aussi long qu'en cet instant présent et, alerte, je guette toutes les ouvertures possibles en posant un pied en arrière, sourire toujours accrochés aux lèvres. Allez... Arrête de me suivre, lâche le morceau et reste où tu es, ça nous évitera bien des déboires. A croire qu'il n'a rien d'autre de mieux à faire que tenir la jambe à un citoyen lambda et même si la pensée laisse à rire, son salaire ne pas doit être mirobolant pour qu'il s'acharne autant. Est-ce que j'en demande trop ? Est-ce que je mérite pas un peu de répit, pas même cinq minutes de paix ? Je laisse échapper un bref soupir et me résigne presque à repartir en vadrouille, là où je n'aspirais qu'à quelques secondes de calme. « Enfin je te trouve ! » C'est sans compter cette voix qui explose dans mes tympans, ce timbre joyeux que je sais avoir déjà entendu, ce visage que j'aperçois à peine du coin des yeux, et surtout cette main qui se pose sur mon épaule. Si instinctivement j'ai juste envie de m'en déloger d'un coup sec, un coup d'oeil sur le côté suffit à me révéler l'identité de cet inconnu arrivé comme un cheveu sur la soupe, et si mes yeux s'écarquillent légèrement d'impression, je me fais justice pour ne pas faire un bond en arrière en le reconnaissant, laissant simplement mes poils se hérisser discrètement dans mon dos. « Vous a-t-il causé du tort ? » J'ignore à quoi il joue. J'ignore quel est le but de son manège, s'il cherche vraiment à m'aider, ou s'il est simplement venu là pour me mettre à mal plus rapidement. Loin d'aller mendier un quelconque support, je ne vais pas non plus cracher sur l'aide qu'il semble vouloir m'apporter, et mon regard voyage entre ce visage semi-couvert et le milicien qui nous fait toujours face. Comme j'aurais pu m'en douter, il est loin de croire en la véracité de cette arrivée un peu trop calculée, et je peux pas non plus lui en vouloir. A sa place, je n'y aurais pas vraiment cru. Et j'aurais sûrement demander ses papiers à ce sans-gêne. Et peut-être même que je les aurais arrêter, histoire de me faire mousser auprès de mon supérieur. Est-ce que les choses vont aller jusque là ? Je croise les doigts pour que l'abruti de milicien ait moins de suite dans les idées que moi, ce qui a l'air d'être le cas, vu la situation dans laquelle il a l'air de vouloir rester. « Je dois voir ses papiers, il n'est pas d'ici et je déduirais même qu'il emporte quelques larcins. » Combien de fois va-t-il le répéter ? Croit-il réellement que je suis sourd, ou est-ce qu'il n'a pas encore compris que je ne les lui donnerai pas, ces fichus papiers ? A mes côtés, l'inconnu masqué a l'air d'être totalement dans son rôle, et j'en viens presque à hausser un sourcil en le voyant si appliqué et investi dans sa tâche. Je l'ai rencontré une fois. Rien qu'une fois. Une fois qui ne s'était pas si bien déroulée que ça, d'ailleurs. Une course poursuite, un choc, une rencontre brutale, un peu d'aide - voilà qui résume à peu de chose près la façon dont elle s'était déroulé. Qu'est-ce que j'ai bien pu lui faire pour qu'il se préoccupe autant de moi ? Est-ce que c'est mon visage qui lui a laissé un souvenir impérissable ? Si l'optique est plutôt alléchante, j'en viens plutôt à me dire qu'il doit avoir besoin de réaliser sa bonne action quotidienne pour avoir le coeur léger pour le reste de la journée. Manque de chance, ses pas l'ont précipité vers moi. Quoique cette nouvelle rencontre est peut-être un fruit du destin, après tout - à petite dose, j'entends. Non pas que je m'imagine un autre jour aux côtés de cet aristo' dont j'ignore toujours le nom, mais il peut probablement se rendre utile par ce qu'il fait. Un sourire s'échappe derrière l'écharpe sombre, et même si mon sourire se veut un brin crispé à présent, je ne peux que diriger un peu plus mon regard vers ce support inespéré, l'observant tout en appréhendant la suite de ses paroles, qui ne tarde pas à arriver. « Alors vous insinuez que ma famille est coupable de vol, c'est cela ? Je vous l'accorde, ses vêtements sont catastrophiques, mais il est bel et bien dans ma famille. Cousin éloigné du côté de ma mère - que les esprits aient pitié de son âme, il est un peu, vous savez... » .... Et là, intérieurement, je sentirais presque mon visage se briser de part en part, et je remercie Eliopée de ne pas avoir fait de moi une de ces brutes sans cervelle, sans quoi je lui en aurais très certainement collé une. Un crétin. Un malade. Un atteint, un dégénéré, un peu tout ça à la fois. Sincèrement, est-ce que j'ai la tête à prétendre à ce genre de rôle ? A croire que oui, à croire que non. Malgré mon sourire qui se veut faussement plus souple et mon regard plus simplet, notre unique spectateur n'a toujours pas l'air de se laisser prendre à la magie du spectacle, et cette représentation traînant en longueur m'achève de seconde en seconde. Je sens toujours cette main sur mon épaule, cette pression de laquelle je suis prisonnier, et cette réalité me met toujours plus mal. Si avec mes amis je peux me montrer bien tactile, me retrouver jouet d'une étreinte que je n'ai pas demandé fait naître ce malaise en moi, cette vile impression de n'être qu'une poupée de chiffon entre les mains d'un fils à papa trop gâté - ce qui est grossièrement le cas, actuellement. Contre toute attente, ce n'est pourtant pas mon soupir que j'entends, mais celui-là me vient de gauche, là où ce cousin-éloigné-je-n'sais-trop-quoi se tient. L'air blasé, la mine achevée, il en perdrait presque de son éclat, et a tout de suite l'air moins pompeux, malgré les énormités qu'il balance. « Bon, écoutez. Si vous tenez un tant soit peu à votre travail, je vous conseil de tourner les talons et de disparaitre. Non, de passer outre cette histoire, comme si rien ne venait de se passer. Je suppose qu'El'Lufita vous rappelle quelque chose ? Ah ? Voyez ? Filez. » El'Lufita... Un nom qui me parle autant qu'il ne me dit rien. Il faut dire qu'à mes yeux, les noms des bourges bien lotis se ressemblent tous, mais il a pourtant l'air de faire mouche et, devant nous, ce milicien de malheur semble enfin prêt à revoir sa copie.

Une seconde d'hésitation, et le voilà enfin qui s'éloigne, brisant le fil de cette discussion tiraillée de part en part. Ses pas résonnent presque dans le silence qui retombe tout à coup, et je pourrais presque remercier Eliopée de m'avoir sorti de cette situation chaotique, à défault de vouloir remercier mon sauveur. Sans que je le lui demande, il retire enfin sa main de mon épaule, et l'air se décide de nouveau à emplir mes poumons. Renaclant légèrement, je me sens frissonner, alors que mon regard suit la course rapide et mal maîtrisé de ce garde tout retourné. S'il ne suffit plus que de ça pour s'en débarasser, je vais sûrement commencer à revoir mes approches et, avec elles, m'entraîner à emprunter ces noms qui ressemblent à des passes-partout plutôt pratiques. La silhouette en uniforme disparu, je soupire en laissant disparaître ce masque faussement enjoué de mon visage, bien vite remplacé par un sourire bien plus franc alors que la bourse vole légèrement au dessus de ma main. Au vue de son poids, la prise a vraiment l'air d'être bonne, et si j'étais seul, je ne me serais pas gêné pour l'ouvrir et en vérifier le contenu de suite. Pourtant, j'imagine que c'est cette présence à côté qui m'en empêche, ou simplement sa voix qui crève de nouveau le silence, comme si elle n'avait rien de mieux à faire. « Il en fallu de peu. Je suppose que, nous sommes quittes maintenant. » S'attend-il à ce que je me jette à ses pieds pour baiser ses chaussures ? Même si les pavés d'ici sont bien plus propres que ceux des ruines miroitantes, l'idée ne m'enchante pas le moins du monde et, attrapant la bourse au vol, je me tourne légèrement vers lui, sourire en coin habituel aux lèvres, visiblement déjà remis de cette altercation que je ne manquerai pas de raconter à Soïs sitôt rentré. « Quittes ? » Léger rire mi-abusé, mi-désabusé, et mes épaules se haussent, alors que je suis maintenant face à lui, mon regard glissant vers le sien, seul élément de son visage que je suis autorisé à voir. Même si je reconnaid que son aide n'a pas été négligeable, j'ai du mal à me convaincre que sans lui, j'en serais probablement encore à en démordre avec ce chien de l'Empire, et encore plus de mal à penser à le remercier pour son arrivée soudaine. Au lieu de ça, ce sont les babillages habituels qui reprennent leur place, cette mauvaise habitude à tout tourner en dérision, à faire comme si j'étais le plus intouchable des homme et comme si, au fond, rien ne pouvait m'atteindre. Des mauvaises habitudes, ce masque de gamin des rues que je porte depuis la naissance, cette image qui me colle bien trop à la peau, quelque part. « J'aurais très bien pu m'en sortir seul, te prends pas non plus pour un héros. » La différence de langage est flagrante, blessante pour celui qui serait assez stupide pour s'en soucier, ce qui est bien loin d'être mon cas. Des gants, j'en porte lorsque le moment s'y prête et, une fois sorti du rôle, je ne vois plus réellement l'intérêt d'y revenir. Mentir à un aristocrate ? Pourquoi s'embêter à le faire ? Ce n'est pas comme si j'avais pour but de l'embobiner pour lui dérober le peu qu'il a à offrir sur lui - quoiqu'à la réflexion... Qu'importe, le masque est déjà brisé, les apparences déjà mises à nues. Il sait d'où je viens, inutile de perdre du temps à lui faire croire le contraire. Faisant de nouveau rebondir la bourse entre mes mains, je jette un dernier coup d'oeil à cet aristo', bien décidé à ne pas m'éterniser plus longtemps dans ce quartier de malheur. Quelque chose semble avoir changé de son côté, rien de perceptible, du moins si j'ose dire. Plutôt dans ce qu'il dégage, dans cette aura qui émanait jusque là de lui, et qui semble à présent avoir disparu de lui. Alors comme ça, lui aussi jouait un rôle, en plus de ce lien familial totalement invraisemblable ? Monde hypocrite, sa réaction ne fait que me conforter un peu plus dans mes idées, malheureusement. Pourtant, sans même savoir pourquoi, j'en reviens à penser à ce nom, arrivé comme celui d'une divinité un peu trop respecté. J'en oublie presque que de ce côté de la ville, ce sont justement ces patronymes qui définissent la vie de ces pauvres âmes en peine, et non pas les actes qu'ils peuvent être amenés à faire. Un nom, un héritage, une richesse, une fortune. Pour moi qui n'en ai pas, cette réalité m'exaspère autant qu'elle pourrait me passionner si je ne détestais pas les personne qui les portent. Des êtres abjects dissimulés derrière de beaux sourires, des traîtres aux allures de sauveurs, et je me demande s'il en fait également partie, caché qu'il est derrière son écharpe sombre. Est-il aussi pourri que les autres ? Aussi mesquin et aussi vil ? Qu'importe, sa vie est loin de m'intéresser, et j'ai d'autres moutons à compter à présent. Faisant un pas en arrière pour m'éloigner de lui, j'en fais pourtant un en avant pour me rattraper et, sourcils froncés, je le fixe d'un air un peu trop sérieux, détaillant son regard comme s'il pouvait m'apporter une réponse. « El'Lufita, ça a l'air d'être plutôt bien respecté, ici, comme nom... Ton paternel donne dans les affaires louches, ou il est juste plein aux as pour faire fuir les gardes comme ça ? » Juste pour savoir, pour être sûr. Après tout, si j'en viens à l'utiliser de nouveau un jour, autant m'assurer avant qu'il ne s'agit pas du patronyme d'une famille de truands. Penché vers lui, j'attends à peine sa réponse, me redressant en prenant une longue inspiration, avant de parcourir la rue de droite et de gauche. Rien et... rien. La voie est libre, comme on dit, et c'est le coeur léger que je vais enfin pouvoir reprendre la route. Emprunter de nouveau le marché ? Rentrer en longeant la muraille ? Les options se font d'un coup plus nombreuses, et j'en sourirais presque. Les yeux rivés sur une silhouette qui disparaît au loin, mon visage finit par se tourner une dernière fois vers cette écharpe, sourcils légèrement haussés. « Enfin... c'est pas non plus comme si ça allait changer quelque chose au fond. Je vous prie de passer la plus belle des excellentes journées qui soient, mon très cher sieur El'Lufita. » Esquissant le début d'une révérence, je pouffe de rire, relevant juste les yeux vers lui. Mi amusé, mi sérieux, je me moque ouvertement des principes et de tout ce qui constitue son monde, tout comme ses amis se moquent du mien. Juste retour des choses et, après tout, peut-être sommes-nous vraiment quittes à présent, à mes yeux du moins.
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